L’Agora reçoit Marc Bonnant

Marc Bonnant à l’Agora, standing ovation pour l’homme qui ne pouvait rester assis

 

Mardi 6 octobre l’Agora recevait Marc Bonnant sur le thème « Place aux mots ». La passion de l’avocat genevois  pour l’éloquence est telle qu’il refuse de s’exprimer assis et d’utiliser le micro mis à sa disposition. Grand orateur, Marc Bonnant s’est en effet consacré toute sa vie  aux mots, et a développé un talent qu’il a pu mettre à profit lors de ses plaidoiries. Il met notamment en avant l’importance de la rhétorique qu’il estime en déclin.

Marc Bonnant commence la conférence en nous rappelant une définition de l’art oratoire. Qu’il s’agisse de convaincre en faisant appel à la raison ou persuader en touchant aux émotions, le constat est sans appel : « la rhétorique change, évolue ; si l’on utilise un terme plus clinique, la rhétorique est morte ».

Les mots ont en effet, plus de mal à trouver leur place dans une société qui favorise l’image et recherche le consensus. La pauvreté du vocabulaire est devenue un problème majeur car l’homme qui ne peut pas dire ne peut pas agir. Les mots sont, selon lui,  une alternative à des problématiques telles que la violence ou la mécompréhension de la vie par la jeunesse. Marc Bonnant a alors souligné la nécessité de pallier le problème, et d’accorder une place plus importante aux lettres, à l’art, allant jusqu’à évoquer une « suppression du budget de la sécurité sociale afin de l’affecter à la culture ».

L’invité insiste cependant sur le fait que si la parole est d’or, elle reste réservée à une élite talentueuse, car bien parler c’est avant tout bien penser et la pensée ne s’accommode pas de la brièveté.  Marc Bonnant déclare « Je suis d’avis que l’on puisse tout dire » mais la pensée reste quant à elle du domaine et de l’expertise de quelques-uns. Ainsi, la démocratie permet la parole en même temps qu’elle la tue, car « la parole de tous devient la parole de chacun ».

L’avocat de renom, par ailleurs, n’hésite pas à prendre des positions controversées : il réaffirme le droit d’avoir peur ou  de mépriser une religion qui n’est pas sienne.  Il définit également les rapports humains comme des rapports de force entre dominés et dominants et qualifie en ce sens le féminisme d’absurdité en soulignant l’importance d’un affrontement entre les valeurs féminines et masculines.

Enfin, lorsque les étudiants soulignent les similitudes entre l’avocat et le comédien, il admet que l’avocat ne dit pas ce qu’il pense mais qu’en revanche il sert son propre génie. La conférence se termine par une mise en situation où Marc Bonnant défend l’indéfendable : l’impolitesse. Exerçant brillamment son talent de persuasion et sa capacité à convaincre,  il nous démontre « le poids de ses mots ».

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